Exposition de Cent Vingt Tableautins, Peintures, Aquarelles, Pastels et Dessins

monday-saturday: 10am - 6pm closed on December, 22 and 29.

Nr. of pages: [PDF page number: 16].
Holding Institution: Bibliothèque des Arts Décoratifs

Z.: Comme au bon vieux temps, 5p.

"Quelle coutume joliment française que celle des étrennes ! Qui de nous n’a passé des minutes délicieuses à dépaqueter d’une main fébrile la surprise, à faire sauter faveurs roses et ficelles dorées, pour voir vite, vite, ce que le cadeau apporte d’inconnu, de mystérieux ?
L’imprévu est toujours un régal… Une déception aussi, parfois ; car le cadeau d’étrennes est aujourd’hui tombé dans le mauvais ton des confiseurs de marque, chez lesquels on accourt comme pour se débarrasser d’une corvée… alors qu’est si amusante la recherche du plaisir à faire !
Il est évidemment peu « chic » d’envoyer à une dame – à moins d’être de la famille ou de l’intimité – des cadeaux « utiles » ; il faut du superflu. [n. p.]
Or, la plupart des Messieurs qui, sous forme d’étrennes rendent les politesses reçues, n’ont d’autre souci que de choisir un objet de prix connu ; ostensiblement telle corbeille de fleurs vaut dix louis ; le coffret de chocolats en vaut quatre, et le sac de bonbons en vaut deux.
La dame qui les reçoit fera peut-être la grimace : on lui apporte des fleurs de chez Lachaume (car il faut une signature) ou des orchidées de plusieurs louis…. Mais, elle part le soir même pour Cannes : ça ne lui fait aucun plaisir ; et, au retour, les belles fleurs seront fanées ?
Qu’en restera-t-il ? Pas même le souvenir !
Où sont les neiges d’antan ?
Les bonbons ? Mais on en reçoit trop !
La dame justement n’aime pas ceux-ci !
Et pour comble, on les lui envoie en des sacs ou des coffrets décorés d’horribles et prétentieuses petites peintures – (aussi chers qu’un tableautin ou qu’un dessin de maître) – que le malin confiseur a fait exécuter par une vielle fille qui les décore à la douzaine !
Et les vases ? Vases en grès, en verre [n.p.]
irisé ou autres !! La jeune femme qui en avait bien reçu une quarantaine au moment de son mariage, en voit arriver d’autres, encombrants, avec une indicible terreur !
Encore des fleurs ! Encore des chocolats ! Toujours des vases ! Où mettre encore ceux-ci ?
Ne serait-il pas temps de songer au rajeunissement des étrennes, de leurs restituer le caractère d’art qui en est depuis trop longtemps absent ?
Le XVIIIe siècle est à la mode ? Eh bien ! soyons XVIIIe siècle !
Nos galants grands-pères offraient à leurs belles amies des estampes d’Eisen, de Moreau le Jeune, de Saint-Aubin : imitons ce gracieux exemple ; et, puisque nous trouvons ici ce qui peut plaire à nos fines Parisiennes, donnons-nous le luxe d’être enfin personnels, et recherchons pour elles le cadeau rare qui les flatte et qui reste.
Les petits tableaux, peintures, aquarelles, pastels et dessins rassemblés ici pour cadeaux d’étrennes seront reçus avec joie : c’est du luxe intelligent ; c’est pour les yeux un plaisir durable. [n.p.]
D’autant que ces petits panneaux, faits d’après nature, exécutés avec entrain – impressions vraies et charmantes – sont supérieurs aux tableaux tirés d’eux avec plus d’application, donc avec moins d’ardeur.
Voici les Maîtres et petits Maîtres de 1830 et 1870 : le génial DAUMIER ; MANET et JONGKIND, ces pères de la peinture contemporaine ; voici BOUDIN et LÉPINE ; Constantin GUYS, aimé de Baudelaire ; voici le subtil SISLEY ; l’adorable poète RENOIR, chantre des blondes épidermes ; le profond Carrière ; le rustique PISSARO ; le robuste et coloré GUILLAUMIN ; voici CÉZANNE et Vincent VAN GOGH, ces deux titans ; voici VIGNON et MAUFRA.
Puis voici l’âpres FORAIN, le gracieux MORISSET ; voici ces savants et raffinés néo-impressionnistes : BONNARD, ROUSSEL, Maurice DENIS, SIGNAC, PETIT-JEAN ; voici venir enfin la génération montante des Maîtres de demain : MARQUET, GUÉRIN, PUY, LAPRADE, MANGUIN, MATISSE, URBAIN, LEBEAU, F. JOURDAIN, BRAUT , OTTMANN, Abel FAIVRE, LACOSTE, PICASSO, BOT- [n.p.]
-TINI et le puissant dessinateur Bernard NAUDIN, etc.
Ils sont, ces tableautins, le cadeau-étrennes d’art par excellence, des bouquets de valeur et de charme qui ne se fanent pas en vieillissant, que le temps, au contraire, fait fleurir et consacre ; ils sont l’ornement du « home », du boudoir et du petit salon où la dame aux quarante vases aura plaisir à les revoir, et dont elle remerciera « in petto »l’intelligent donateur.
On les trouvera ici, chez l’éditeur d’art Eugène Blot, entourés de jolis bronzes signés Camille CLAUDEL, RODIN, Bernard HŒTGER, MAILLOL, Constantin MEUNIER, Rogelio YRURTIA, CARABIN, CARL et RUTH MILLÈS, RAFAELLI, DEMAY, etc. artistiques comme eux, et comme eux, accessibles à toutes les bourses.
Grâce à eux, les Parisiennes de 1908 auront les étrennes artistiques que leur bon goût mérite, auxquelles un souci d’art et une recherche personnelle auront enfin présidé.
Z. [n.p.]"

Preface "Comme au bon vieux temps", 5p.
"Catalogue", cat. no. 1-120, 6p.

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"Les Etrennes Artistiques de la Galerie Eug. Blot"