exhibition

Exposition des Œuvres de Wilhelm Lehmbruck


ID: 697, Status: proof read
Exhibition period:
Jun 20‒30, 1914
Type:
solo
Organizing Bodies:
Galerie Levesque
Quickstats
Catalogue Entries: 29
Types of Work: painting and drawing: 10, other medium: 19
Artists: 1
Gender: female: 0, male: 1
Nationalities: 1
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Date Title City Venue Type
Catalogue
Exposition des Œuvres de Wilhelm Lehmbruck. 1914.
Printed by: Bishop & Garrett, 61-63, Rue Bichat Paris, nr. of pages: 14.
Holding Institution: Bibliothèque des Arts Décoratifs
Preface
Salmon, André: Préface, p. 3-9

"APRÈS tant d'expositions d'aspirants assurément bien doués, on est fort aise de visiter, en cette fin de saison, la galerie Levesque où un artiste expérimenté, robuste, et dont la science n'a pas ruiné la fraîche sensibilité, réunit un ensemble significatif de l'œuvre d'années déjà nombreuses, encore que le statuaire Lehmbruck demeure justement classé parmi les jeunes. On se félicite, ayant subi tant d'essais plus ou moins dignes d'écoliers riches de foi et d'espérances, comme après les exercices des plus hardis virtuoses, d'applaudir la vigoureuse maîtrise d'un loyal exécutant qui est aussi un créateur.

L'art de Lehmbruck est largement significatif de cette allègre santé rhénane si favorable aux arts, capable de résister aux terribles gaietés d'un Henri Heine et qui n'a son égale nulle part ailleurs en Allemagne.

Certes, il n'est pas défendu de se souvenir de ce que Lehmbruck développa son talent parmi nous ; toutefois, il n'est pas de ceux qui, Français ou étrangers, tendent à une dangereuse internationalisation, si funeste à la liberté du génie ; à une sorte d'Art européen, fleur née du rassemblement en quelques grands centres, tels que Paris, Munich ou Florence, de l'élite intellectuelle des peuples.

Si je maintiens que l'art de Lehmbruck s'avère authentiquement rhénan, j'ajouterai qu'il tend d'abord à la pure vertu du classicisme.

Le classicisme c'est l'ordre, c'est l'équilibre ; or, Lehmbruck en a le sentiment au plus haut degré. De ce sentiment même est faite sa discipline, laquelle lui rend aisé d'échapper aux plus séduisantes emprises.

Si, par exemple, il est indéniable qu'aucun sculpteur de notre temps ne peut se flatter de méconnaître Rodin, Lehmbruck ne s'est pourtant pas mis, après tant d'autres naïvement dociles, à l'école trop directe du grand tyran de la matière, tyran comme Hugo fut un tyran du verbe.

Dans l'œuvre de Rodin, le sculpteur rhénan n'a vu que la volonté de redonner vie et puissance aux grandes lois absolues, et si longtemps négligées, de la statuaire.

Il est, enfin, trop humain, trop sensible pour se satisfaire, d'illustrer seulement de brillantes théories. Sculpteur, de tempérament, il sait que la matière ne s'accommode pas du paradoxe, non plus que l'équilibre dont la recherche par des voies neuves, mais selon des principes inéluctables, constitue en fait la véritable originalité et suffit à distinguer Rude de Jean Goujon et Carpeaux de Clodion.

C'est une si sage volonté de ne pas dédaigner la doctrine tout en ne la considérant pas ainsi qu'un résultat suffisant qui donne à Lehmbruck sa riche, sa féconde liberté et nous le montre si différent des faux audacieux, de ces étranges iconoclastes obsédés malgré tout par le musée.

Les œuvres réunies en cette galerie représentent, ai-je dit, plusieurs années du labeur le plus ardent et le plus lucide, le plus ambitieux et le plus désintéressé.

Qui subit profondément l'énergie plastique proclamera volontiers que le charme, la délicatesse des premiers ouvrages de l'artiste n'ont pas été ruinés par ce que la maîtrise a donné de force, de puissance aux œuvres les plus récentes. Si l'on veut bien y prendre garde, on s'apercevra bientôt que si cette force ne soutient pas effectivement les œuvres de la jeunesse de Lehmbruck, toute la grâce initiale l'appelle comme un soutien. Nous devons, dès lors, applaudir un logique épanouissement, lequel ne peut procéder que de la règle classique.

On a accuelli en de nombreux musées d'Allemagne, et l'on fit bien, des répliques d'œuvres qu'on verra ici, ou des ouvrages de qualité identique ; mais c'est le plein air qui convient évidemment à ce talent fait de liberté, d'un abandon simple et qui ne s'égare pas.

Cependant, et là est, à mon sens, l'une des plus certaines mesures de la vérité plastique, où qu'on place un monument de Lehmbruck, et quelle que soit la qualité du jour, il est toujours plus éclairé que les corps environnants ; il absorbe la plus grande somme lumineuse et l'absorbe totalement en nous la laissant sensible.

C'est dans l'économie des mouvements, dans la distribution architecturale des lignes qu'éclate l'originalité de l'artiste. Considérant en particulier l'une de ces deux grandes figures nues destinées a contenir, d'un magnifique élan, la masse étendue de quelque casino de Cologne ; voyez cette femme dont le regard à demi perdu et le calme repliement des bras expriment un rêve si intense, figure dont on se plait à imaginer la si humaine volupté dans la couleur du jour finissant ; voyez ce solide simulacre humain : l'une et l'autre de ces deux figures si solidement construites fusent vers le ciel ; elles sont fortes et grandies d'une réelle aspiration aux sommets, sans quoi toute statuaire est privée de l'essentiel, c'est à dire du caractère monumental. Or, le point d'équilibre peut être fragile, et c'est un édifice léger qui soutient la masse la plus volumineuse : ce dos d'une si pure ampleur chez la femme ; ces épaules et ces pectoraux d'athlète chez l'homme. L'intelligent respect d'une loi physique, autorisant quelque comparaison avec le plus lourd que l'air, vaut-elle pas mieux que telle débauche d'invention sentimentale que rien ne codifie et qui, trop souvent, prétend à contrarier les nécessités irréductibles de la matière ?

Lehmbruck tend à la perfection par des voies larges et sûres. Fils d'un siècle qui a brisé les faux-dieux et ruiné la vieille scolastique, il refait les routes anciennes, et, s'il partit des rives antiques, je crois l'apercevoir au carrefour renaissant. Si Jean Goujon lui enseigna le sens des proportions, lui confia le secret de s'inquiéter de la hauteur à laquelle une sculpture doit être vue, c'est encore du sensible et vigoureux ouvrier de la "Diane d'Anet" qu'il apprit à modeler hardiment, de ce Jean Goujon à qui des critiques distraits reprochèrent de faibles connaissances anatomiques, alors qu'on ne doit pas hésiter à saluer en lui le premier audacieux que séduisit la " déformation " par quoi la statuaire n'a pas encore achevé son rajeunissement.

***
Ceci n’est qu’une préface, si brève qu’elle ne peut malheureusement prétendre à l’examen complet que mérite l'art personnel de Lehmbruck. Ce sera pour quelque occasion meilleure. Je veux au moins consacrer ces lignes dernières au peintre et au graveur que l'on connaît déjà.

Ici, c'est encore la forme qui conduit et domine l'artiste. La part d'imagination est peut-être plus grande chez le peintre-graveur que chez le sculpteur. Il s'y ajoute même un mysticisme imprécis dont sont exempts ses monuments ; mais, en définitive, nous demeurons retenus une fois encore par la richesse plastique. Ces planches qui valent beaucoup par elles-mêmes constituent, en outre, de précieuses références ; elles aideront, avec les toiles dont on goûtera la pureté d'ordonnance, la volupté des volumes - j'entends volupté au sens le plus large et le plus pur – à comprendre tout à fait la volonté du sculpteur. C'est beaucoup et ce serait trop peu. Il y a dans le coloris riche et discret des toiles, dans cette conduite libre du trait, des planches gravées dont Braquemond approuverait l'art, assez pour assurer l'heureuse carrière d'un artiste moins soucieux que Lehmbruck d'obéir joyeusement à toutes les suggestions de la matière.

Ce qu'il peut y avoir de national dans son art ne le diminue en rien, à mon sens. Cela prouve simplement que Lehmbruck, collaborateur des architectes allemands, éprouve avec intelligence et sensibilité la qualité de l'espace que l’œuvre droit emplir ; il sait l'exacte qualité du paysage qu'il faut modifier, renouveler, sans en altérer le caractère initial.

C'est pourquoi j'imagine aisément qu'il aurait aussi bien le sens de tout autre paysage. D'ailleurs, Lehmbruck ne demande à Paris que les nourrissants effluves de sa fièvre créatrice. Il se soumet encore au jugement de son élite.

André SALMON."
Catalogue Structure
Illustration, p. 2
"Préface", p. 3-9
Illustrations, p. 10-12
"Sculpture", cat. no. 1-18, p. 13-14
"Peintures", cat. no. 19-27, p. 14
"Gravures et Dessins", specified but not listed after cat. no. 27, p. 14
Additional Information
Other Mediums listed

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Name Date of Birth Date of Death Nationality # of Cat. Entries
Wilhelm Lehmbruck 1881 1919 DE 10
Recommended Citation: "Exposition des Œuvres de Wilhelm Lehmbruck." In Database of Modern Exhibitions (DoME). European Paintings and Drawings 1905-1915. Last modified Oct 30, 2018. https://exhibitions.univie.ac.at/exhibition/697