exhibition

Oeuvres de M. Henri Brugnot

Espagne - Angleterre - France
ID: 1091, Status: proof read
Exhibition period:
Mar 17‒Apr 7, 1906
Type:
solo
Organizing Bodies:
Galerie des Artistes Modernes
Quickstats
Catalogue Entries: 27
Types of Work: painting and drawing: 25, unknown: 2
Artists: 1
Gender: female: 0, male: 1
Nationalities: 1
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Date Title City Venue Type
Opening Hours
monday - saturday: 10am - 6pm sundays excepted
Catalogue
Preface
Rogers, Willy: Henri Brugnot, p. 5-8.

„Voici un artiste qui aime, qui adore son art; qui travaille pour lui-même, pour son plaisir, et, comme disait la vieille devise des Clisson, « pour ce qu’il lui plait » ; qui peint avec joie, sans souci des approbations ou des blâmes ; sans souci, même, des lendemains trop souvent menaçants ; voici un Peintre, enfin. Et je souhaiterais qu’on sentit bien avec quelle sympathie, avec quel respect j’écris ce mot : un Peintre, - l’oiseau rare en ce temps où de gens s’amusent à couvrir de peintures des toiles.

Henri Brugnot n’a pas trente ans, je crois. Et sa personnalité, déjà, se dégage nettement des imitations inévitables des débuts, des influences que l’être le mieux doué doit fatalement subir, à l’abri desquelles tout talent viable grandit et se développe, comme le baliveau à l’ombre du chêne séculaire.

Ces imitations, ces influences, il les a connues, inévitablement.

Il n’ignore, c’est évident, ni Monet, ni Sisley, ni Pissarro, ni, peut-être, leurs jeunes émules, Maufra, d’Espagnat. Quel peintre donc, aujourd’hui, peut se vanter de ne les avoir jamais regardés ?

Mais il apparaît, en outre, à l’examen de ses œuvres, à voir comment sont construits ses paysages, étagés ses plans, établis ses terrains, qu’il eut des relations plus illustres encore, qu’il fréquenta, si j’ose dire, dans le « noble faubourg » de l’art, chez Rousseau, chez Daubigny, chez Corot, chez Delacroix, un peu chez d’autres grands devanciers encore.

C’est auprès de ceux-ci qu’il dut apprendre à ne pas se contenter de recueillir, au vol, comme le firent trop souvent tels des impressionnistes, des notations fugitives, appelées à une vogue agréables certes à savourer, mais plus éphémère encore que l’effet qu’elles prétendaient fixer. C’est d’eux, à n’en pas douter, qu’il tient tout le secret de ces celles grandes lignes décoratives, de cette solide anatomie, de cette robuste architecture qui caractérisent la moindre de ses toiles achevées, et qu’on retrouve parfois jusque dans certaines de ses études ; l’art de choisir, de voir un site, en un mot. D’autre part, au contact des contemporains, sa rétine s’affina. Il s’habitua à percevoir les vibrations insensibles de l’atmosphère, à suivre les reflets les plus fugaces, à rendre tous les jeux infiniment changeants de la lumière. En leur compagnie, il s’initia aux ressources multiples de la palette, aux mélanges, aux oppositions savantes de tons, à toute la physique subtile et compliquée des couleurs.

Dans le silence, dans la retraite, se recueillant tour à tour et travaillant, et maître, d’ailleurs, d’une technique apprise aux sources les plus académiques, puisqu’il sortait de l’atelier de Gustave Moreau, il combina, amalgama, mûrit ces éléments conquis.

Il voyagea en France, de-ci de-là, passa en Angleterre, descendit en Espagne, accumulant les pochades, les esquisses, les notes, et parachevant, quand l’inspiration y était, quelques toiles, mais ne montrant rien à personne, sauf peut-être à de rares intimes, et gardant tout cela pour lui. L’an dernier, toutefois, il se décidait, poussé, encouragé, à affronter le jury de la Société Nationale : ses deux envois trouvèrent grâce devant ces juges sévères et figurèrent au Salon de 1995 : une toile d’Espagne, une autre rapportée d’Abbeville.

Elles permettent déjà aux critiques avisés d’apprécier la variété et la souplesse de ce jeune talent qui s’affirmait, la richesse de cette palette vibrante, et sa grande originalité.

La diversité de facture, qui vous frappera, j’espère, comme elle m’a frappé, dans cette série de vingt-quatre toiles qu’on soumet à votre critique, est, après les beaux dons de coloriste, l’une des qualités que j’estime le plus chez M. Henri Brugnot.

Ici, les champs de France, calmes de tons, sobres de touche, où les bonnes glèbes fécondes sont rendues grassement et vivantes, où les ciels fins, tempérés, gardent toujours une si douce fluidité, même par les hivers àpres, par les automnes mélancoliques.

Là, quelques sites anglais, un coin d’un parc des environs de Londres, qui est à lui seul toute l’Angleterre avec ses gazons gras, gonflés d’eau, ses futaies d’un vert vif, un peu acide, dans la brume perpétuellement flottante, son ciel opaque, dans lequel la lumière rampe et se traîne pâlotte, timide, jaunissante, rosée à peine, par les plus beaux jours.

Et enfin l’Espagne ! l’Espagne déserte, l’Espagne rocailleuse, avec ses montagnes de fer, rougeâtres, ses sierras dénudées, brûlées d’ardents soleils, creusées de grands gouffres d’ombres bleuâtres ou violâtres, suivant l’heure, le temps, l’atmosphère ; avec ses petites chaumières, du même rouge ocreux que les rocs au pied desquels elles sont tapies, et que leur aspect chétif, écrasé, fait paraître plus sourcilleux ; ses paysages sévères et grandioses de solitude, malgré la lumière qui les inonde, et où la verdure grise et poussiéreuse des oliviers est la seule note douce et reposante pour l’œil ; toute une Espagne héroïque sans emphase, une Espagne réelle, vivante en sa torpeur.

Et que tous ces rochers, ces dômes, ces pics sont robustement établis ! avec quelle précision, quelle sûreté, les plans en sont indiqués, les moindres rides en sont écrites ! Admirez le bel arrangement ce cette impressionnante toile Valldemosa au grand soleil, cette mouvante et légère branche qui se balance, dans l’ombre, au premier plan, sur la profondeur infinie de la vallée barrée au loin par les monts, et savourez avec moi la délicatesse achevée avec laquelle les rouges du sol, avivés par cette note verte, vont se dégradant en rose brique, en mauve, tout au haut de la crête.

Voilà un peintre, vous dis-je, un peintre ample, coloriste, et aussi sincère. Et pour vous convaincre, n’a-t-il pas eu la coquetterie de joindre à ces paysages, où il excelle, quelques tableaux de figure et deux petits dessins à la mine de plomb ?

Heureuse coquetterie ! adroite coquetterie serais-je tenté de dire, car c’est à voir comment le peintre traite l’effigie humaine, avec quelle belle conscience d’artiste probe il s’efforce d’en pénétrer la caractère, avec quelle rigueur il en serre le contour, avec quelle décision il en modèle les plans, que l’on comprend mieux la sûreté et la nervosité avec lesquelles il écrit l’anatomie des paysages, nous en montre, pour ainsi dire, les dessous, les assises, nous en fait deviner l’ossature cachée. Ceci explique cela.

WILLY ROGERS"
Catalogue Structure
Preface "Henri Brugnot", p. 5-8
Reproduction of the painting "Retour des Champs", p. 9
Catalogue "Tableaux", cat. no. 1-27, p. 9-11
-"Espagne", cat. no. 1-15, p. 9-10
--"Grenade et Environs", cat. no. 1-5, p. 9
--"Valldemosa (Ile Majorque)", cat. no. 6-12, p. 9
--"Mortil Beznar", cat. no. 13-15, p. 10
-"Angleterre - Environs de Londre", cat. no. 16-18, p. 10
-"Nord de la France - Environs d'Abbeville", cat. no. 19-23, p.10
-"Figures", 24-25, p. 11
-"Dessins", 26-27, p. 11

+Gender Distribution (Pie Chart)

+Artists’ Age at Exhibition Start(Bar Chart)

+Artists’ Nationality(Pie Chart)

+Exhibiting Cities of Artists(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Type of Work(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Nationality(Pie Chart)

Name Date of Birth Date of Death Nationality # of Cat. Entries
Henri Brugnot 1874 1940 FR 27
Recommended Citation: "Oeuvres de M. Henri Brugnot." In Database of Modern Exhibitions (DoME). European Paintings and Drawings 1905-1915. Last modified Jun 13, 2018. https://exhibitions.univie.ac.at/exhibition/1091