exhibition

Les Synchromistes: Morgan Russell et S. Macdonald-Wright


ID: 601, Status: proof read
Exhibition period:
Oct 27‒Nov 8, 1913
Type:
group
Organizing Bodies:
MM. Bernheim-Jeune & Cie
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Catalogue Entries: 29
Types of Work: unknown: 29
Artists: 2
Gender: female: 0, male: 2
Nationalities: 1
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Date Title City Venue Type
Date Title City Venue # of common Artists
Catalogue
Les Synchromistes. Morgan Russell et S. Macdonald-Wright. 1913.
Nr. of pages: [PDF page number: 28].
Holding Institution: Bibliothèque Kandinsky
Preface
Russell, Morgan ; Macdonald-Wright : Introduction Générale, 5 p.

"INTRODUCTION GÉNÉRALE

Etant donné le caractère radicalement neuf de nos travaux, nous croyons nécessaire de faire précéder de courtes explications le catalogue des œuvres exposées.
Certes, par le mot « synchromisme », nous ne prétendons pas à désigner une école. Mais nous avons tenu à adopter une appellation qui nous fût propre : de la sorte, nous échapperons peut-être à l'ennui de voir les maniaques de la classification nous enrôler sous une étiquette qui corresponde mal à nos tendances.
Comme on sait, les impressionnistes ont apporté un changement décisif dans les moyens picturaux pratiqués jusqu’à eux : leur art consista à exprimer des rapports de couleur et non point à colorier un dessin selon les besoins décoratifs ou dramatiques du sujet. Leur point de départ fut l’étude de la lumière.
Ce mouvement a déclenché une foule d’efforts tendant soit à révolutionner davantage la peinture, [n. p.]
A la faire rétrograder vers l’esthétique non d’un Rubens ou d’un Michel-Ange, mais de quelque lointain Cambodgien ou Congolais. Nous ne voulons ni critiquer ces vingt ou trente années d’audaces, ni nous présenter comme indemnes de leur influence. Simplement nous jugeons à propos d’indiquer par quoi nous différons de nos prédécesseurs et quel est notre apport personnel.
Nous estimons que l’orientation vers la couleur est la seule direction où puissent pour le moment s’engager les peintres. Aussi ne parlerons-nous ici ni des cubistes ni des futuristes, trouvant leurs efforts secondaires et superficiels, sans d’ailleurs que nous en contestions la légitimé. Pour fixer les idées et mettre en évidence par un contraste le caractère particulier de notre action, envisageons d’abord cette jeune école de peinture, l’orphisme. Une ressemblance superficielle entre les œuvres de cette jeune école et une toile synchromiste exposée au dernier Salon des Indépendants a permis à certaine critique de les confondre : c’était prendre un tigre pour un zèbre, sous prétexte que tous deux ont un pelage rayé.
Malgré la grande importance que leur confère leur talent, les impressionnistes n’avaient guère insisté que sur des problèmes élémentaires. Ils avaient, par exemple, remarqué que la lumière jaunissante [n. p.]
Du soleil provoque une sensation complétement [...] violet dans les ombres ; ils avaient perçu certaines réactions de couleurs les unes sur les autres, et la recherche d’un ensemble harmonieux basé sur ces données constitua le fond de leur méthode.
Dans l’orphisme, nous voyons se manifester des procédés analogues, plus largement appliqués il est vrai et compliqués par ces déformations et ces jeux linéaires rythmiques auxquels nous initia Cézanne et dont Picasso et ses disciples se firent les vulgarisateurs. Au surplus, le résultat répondit mal à l’ambition du programme : asservie à l’humble tâche d’énumérer et de cataloguer les objets, la couleur s’étala mince sur des compositions impuissantes à évoquer des volumes, et, loin de réaliser sa fonction, qui est de susciter une émotion qualitative, il semble qu’elle ne soupçonnât même par son rôle essentiel. Sans doute ils excellent, ces orphistes, à mettre une teinte en retrait ou en saillie par rapport aux teintes voisines ; mais les observations techniques qu’ils ont pu faire à ce sujet ne constituent pas un trésor et déjà cette sorte de perspective de la couleur était familière aux impressionnistes, qui eux-mêmes ne l’avaient pas inventée.
Au lieu d’obliger les couleurs à servir n’importe où, nous leur assignons une place conforme à leur nature intime, à leur propension naturelle. Parce [n. p.]
[…] de noir ou de violet une ample […] face, s’imaginera-t-on avoir exprimé une masse puissante et solide sous prétexte qu’un personnage a revêtu un costume de cette couleur-là ou qu’un mur est badigeonné de cette couleur-ci ? Ce serait être trop naï, et musiciens, nous ne jouerions pas une marche funèbre sur la flûte sous prétexte que cet instrument est capable d’émettre les sept notes de la gamme.
Laissons aux peintres enclins à des illusions de ce genre le soin de choisir et grouper des objets colorés et d’en donner sur la toile le simulacre triste et littéral : exercice oiseux et bon pour des copistes. Nous rêvons pour la couleur une plus noble besogne. C’est la qualité même de la forme que nous prétendons exprimer et révéler par elle, et pour la première fois, ici, la couleur apparaît dans ce rôle.
Il incombe aux peintres d’approfondir les rapports mystérieux entre la couleur et la forme, - entre les couleurs et les caractères de la forme ; son rythme organique, sa spatialité, sa densité, sa transparence, sa luminosité, etc. Ainsi, ayant, de façon consciente et lucide, pénétré la réalité, ils sauront, par le langage de la couleur, dire l’émotion de leurs découvertes.
Un art peur naître qui dépasserait en puissance émotionnelle la peinture contemporaine comme l’orchestre moderne distance […] vecin. Précurseurs, nous aurons apporté à des va[…] pressentiments et à de plus vagues besoins quelque chose de tangible et de concret et montré dans quelle direction doivent s’orienter les efforts.

MORGAN RUSSELL.
S. MACDONALD-WRIGHT. [n. p.]"

Russell, Morgan: Introduction particulière, 3 p.

"Introduction particulière

Ma façon de concevoir la lumière diffère de la vision des impressionnistes sur les points suivants :
1° Je ne me soucie, pour ainsi dire, pas de la couleur locale des objets ;
2° Je n’estime pas que le soleil soit jaune, je constate que la forte quantité de lumière qu’il nous envoie, suscite en nous une sensation de jaune qui est une illusion subjective au même titre que le violet des ombres.
Toutes les valeurs de lumière suscitent en nous des sensations colorées. Les extrêmes degrés, avec leurs équivalents de jaune et de violet, sont accompagnés de demi-tons qui, eux aussi, ont leurs équivalents en sensations de couleur.
Dans les tableaux actuels, le jaune et le violet existent bien comme traduction d’un degré de lumière, mais le rouge, l’orangé, le vert n’y figurent que si un heureux hasard a placé un objet de cette couleur dans le champ visuel du peintre.
Je suis arrivé ainsi à ce que l’appellerai, faute d’un meilleur mot, l’orchestration du noir au blanc, - ceux-ci admis à dignité de couleurs.
Un phénomène analogue à celui sur lequel j’insiste ici, c’est l’impression de « couleur » que nous éprouvons aux différentes régions de l’orchestre, du grave à l’aigu. [n. p.]
Dés longtemps j’ai eu l’intuition d’une vision de la couleur différant de la vision actuelle, comme la vision de la forme en mouvement dans la sculpture au temps de Phidias diffère de la forme raide et inerte de la statuaire grecque archaïque.
Vainement chercherait-on, dans les grandes œuvres des maîtres consacrés, un rythme de couleur générateur de l’ensemble. Certes, linéairement, une belle ordonnance anime et régit l’œuvre, c’est-à-dire que les directions motivées par les formes s’équilibrent autour d’un centre ; mais ce que, modernes, nous considérons comme la véritable matière constructive d’un tableau est resté à l’état primitif d’une juxtaposition de teintes et manque de tout caractère de continuité.
Pour résoudre le problème d’une construction nouvelle du tableau, nous avons considéré la lumière comme des ondulations chromatiques conjuguées et nous avons soumis à une étude plus serrée les rapports harmoniques entre couleurs. Ces « couleurs rythmes » incorporent, en quelque sorte, à la peinture la notion de temps : elles donnent l’illusion que la tableau se développe, comme une musique, dans la durée, alors que l’ancienne peinture s’étalait strictement dans l’espace et que, d’un regard, les spectateur en embrassait simultanément tous les termes. Il y a là une innovation sur laquelle j’ai exalter et intensifier la puissance d’expression de la peinture.
Un mot sur ma dernière synchromie en bleu foncé et j’aurai terminé cet exposé de mes préoccupations techniques. [n. p.]
On entend souvent les peintres dire qu’ils travaillent la forme d’abord, avec l’espoir d’arriver à la couleur ensuite. Il me semble qu’il faut adopter le procédé inverse. Dans l’œuvre en question, j’ai travaillé uniquement la couleur, ses rythmes, ses contrastes et certaines directions motivées par les masses des couleurs. On n’y trouve pas de sujet au sens ordinaire du mot : son sujet est le « bleu foncé » évoluant selon la forme particulière de ma toile. Mais qu’on se garde bien de voir là une sorte de peinture musicale. Si, dans ce qui précède, il nous est arrivé de faire allusion à la musique, c’était sous forme de comparaison et pour nous faire mieux comprendre, dans un ordre d’idées encore si peu familier au public.
Comme on voit, je sacrifie le riche héritage des belles habitudes du dessin. En revanche, je cours l’heureuse chance de tomber sur quelques-unes des correspondances existant entre la réalité et nos sensations de couleur.
C’est d’un ensemble de couleurs s’équilibrant autour d’une couleur génératrice que doit jaillir la forme. De ce point de vue, mon art apparente ses procédés au mécanisme de la vision naturelle.

MORGAN RUSSEL."
Catalogue Structure
"Introduction Générale", 5 p.
"Introduction particulière", 3 p.
"Œuvres de Morgan Russell", cat. no. 1-17, 2 p.
"Introduction particulière", 2 p.
"Œuvres de S. Macdonald-Wright", cat. no. 18-29, 1 p.
Note
Due to light damages in the original catalogue parts of the preface, which were illegible, are marked with "[...]".

+Gender Distribution (Pie Chart)

+Artists’ Age at Exhibition Start(Bar Chart)

+Artists’ Nationality(Pie Chart)

+Exhibiting Cities of Artists(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Type of Work(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Nationality(Pie Chart)

Name Date of Birth Date of Death Nationality # of Cat. Entries
Morgan Russell 1886 1953 US 17
Stanton Macdonald-Wright 1890 1973 US 12
Recommended Citation: "Les Synchromistes: Morgan Russell et S. Macdonald-Wright." In Database of Modern Exhibitions (DoME). European Paintings and Drawings 1905-1915. Last modified Nov 4, 2019. https://exhibitions.univie.ac.at/exhibition/601