exhibition

Exposition Louise Hervieu

Peinture, Aquarelles & Dessins
ID: 863, Status: proof read
Exhibition period:
Mar 8‒23, 1910
Type:
solo
Organizing Bodies:
Galerie Eug. Blot
Quickstats
Catalogue Entries: 60
Types of Work: unknown: 60
Artists: 1
Gender: female: 1, male: 0
Nationalities: 1
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Date Title City Venue Type
Opening Hours
10am - 6pm dimanches exceptés
Catalogue
Exposition Louise Hervieu. Paris: Imprimerie R. Veneziani 1910.
Nr. of pages: 8.
Holding Institution: Bibliothèque des Arts Décoratifs
Preface
André Fontainas: Louise Hervieu, 4 p.

"MADEMOISELLE LOUISE HERVIEU, lorsqu’elle montre certaines séries de ses dessins, s’interrompt tout à coup, et, hésitante, balbutie : « Je ne sais si je dois ; c’est si laid », - ou bien, tandis qu’on regarde : « N’est-ce pas, c’est bien laid tout celà », s’écrie-t-elle. Je ne pense pas qu’il faille se ranger à son appréciation, même pour lui faire plaisir, car si ses dessins, si plusieurs de ses dessins peuvent être considérés comme laids, ce n’est que dans un sens vulgaire, banal et mondain. Sans doute, je m’imagine assez mal que de pareils dessins puissent satisfaire l’esthétique facilement dégoutée de femmes à la mode d’académiciens de boudoirs, de marchands ou de collectionneurs de chromolithographies à la grosse. Ils n’ont rien de séduisant, à la manière accoutumée des fleurs, natures mortes et autres chatteries écœurantes où se délecte le plus souvent l’habileté manuelle et légèrement acquise de la plupart des femmes artistes. S’ils ne séduisent pas, de prime abord, ils font mieux ; ils attachent, pour peu qu’on ait pris la peine d’y regarder. Ils font songer et ils impressionnent, parce que, si tristes qu’ils soient, ils sont sincères, ils sont ingénus, et ils sont spontanés.

D’où Mademoiselle Louise Hervieu a-t-elle, en effet, tiré son art ? Il serait peu commode de lui assigner des origines. Parfois, son dessin semble lourd, chargé de traces d’hésitations, de reprises, d’insistances pour obtenir le relief et l’expression ; d’autres fois, il est comme jaillissant, parfumé de fraicheur et d’une grande tendresse ; mais jamais du moins (et ce qui importe le plus puisque toujours il apparaît, tantôt à première vue et tantôt à la longue, regorgeant de signification et de vie), jamais il ne rappelle te ou tel maître, jamais il n’est convenu, jamais il n’imite ni ne reproduit ce qui ce qui a été fait ailleurs.

S’il me fallait évoquer, à propos d’elle, le souvenir d’artistes connus, parmi ses ainés, je m’attarderais à des noms que probablement elle ignore ; mais, pour soutenir ce que j’avancerais de la sorte, il me faudrait indiquer certaines analogies dans la tournure de son esprit plutôt que dans son faire et dans ses procédés. Je songe surtout ici u grand et singulier artiste belge James Ensor. Toute apparence de parenté s’évanouirait bien vite, en considérant que, dans sa recherche constante d’un relief puissant et enlevé, par men métier, elle semble montrer des préoccupations plastiques de sculpteur. Elle sculpte à coups de fusain.

Aussi ses croquis, ses études, ses compositions plus poussées, dont la force expressive étonne immédiatement, ont pour objet des faces creusées, ravagées, meurtries et douloureuses : toutes ces vieilles femmes ravinées, abimées, dont les traits, en partie anéantis et en partie grossis, enflés, au point d’inspirer à la fois de la pitié tragique et de dégoût ; la foule béate en présence de la misère horrible des baladins pauvres qui se montrent dans les criques et dans les foires ; les visages abjects de la convoitise, de l’humilité et de l’indigence effroyable, errant sans rêve et sans espoir aux carrefours de la cité ; enfin, le grand Christ de commisération en qui se concentre encore, comme aux images taillées dans les vieux bois, toute la douleur, toute l’angoisse et tout le martyre du monde : voilà à quoi nous fait réfléchir, sans ménagement de bon goût et de haute convenance, l’art poignant de Mademoiselle Hervieu.

Certes, elle ne se maintient pas toujours, fort heureusement, dans une telle atmosphère d’universelle anxiété et d’épouvante ; Jésus lui a versé aussi, car elle a foi dans les paroles d’espoir et de consolation, la grande tendresse envers les humbles, les petits, les pauvres et les faibles. Elle a découvert, sans recherche, ce qu’il peut y avoir de douceur naive et de bonté dans la vie calme et quotidienne. Elle nous présente alors, non sans une pointe d’ironie un peu émue, des images de bonheur familial, comme son groupe charmant des Fiancés, ou des évocations d’intimité, comme des études faites à l’intérieur d’un appartement, ce vieux fauteuil rouge rangé le long du mur à papier vert, ce coin de cheminée… Elle sourit aux enfants, et s’amuse de leurs jeux ; elle sait intéresser les petites filles avec l’histoire de leurs poupées, debout et triomphantes dans leurs robes à riches falbalas, ou gisant lamentablement sur le sol où elles se sont brisées ; ou bien elle conte, avec un esprit charmant, devant l’armoire à jouets, les péripéties de la rencontre de la poupée avec l’ours farouche et soumis, dont elle a d’abord peur, avant de finir par l’embrasser. Ah ! les délicieux albums d’images enfantines qu’un éditeur intelligent pourrait commander à Mademoiselle Hervieu, si les éditeurs ne redoutaient, avant tout, ce qui est original, curieux, nouveau et n’étaient les esclaves soumis de la routine !

Oui, mieux même qu’en ses Intimités, Mademoiselle Hervieu sait représenter de la grâce et du charme, quand elle travaille pour les enfants, mais elle n’est pas insensible non plus aux grâces féminines. Par exemple, elle se refuse de les traduire à la façon édulcorée et ordinaire. Elle ne triche pas. Les corps qu’elle représente nus sont habités par des muscles et par des os ; elle n’arrondit ni ne boursouffle ; elle peint ou elle dessine comme elle voit, et c’est le plus souvent dans le mouvement ondulé de telle partie du corps que la grâce réside, ou bien elle provient de ce que la femme, par exemple, appuyée au tronc incliné d’un vieil arbre, complète l’ensemble d’harmonie décorative où l’heure, le vent, l’air, la lumière glissent la griserie mobile de leurs reflets enchantés.

Et qu’elle ne se serve que du fusain, que plus vivement elle croque à la plume les physionomies étranges des passants, qu’elle compose une scène intime, un paysage avec les ressources les plus délicates et les plus sensibles combinaisons de la peinture à l’huile, dont elle use, comme de tout, à sa manière qui lui est propre, tout ce qu’elle fait exprime son âme, pantelante ici à cause de la souffrance universelle, là délicieusement charmée par le prestige de ce qui est simple, de ce qui est pur et innocent.

Et la voici enfin qui se donne toute entière dans cet éclatant cantique d’adoration, de louange de d’imploration que forment les planches exaltées, naïves et à la fois précieuses enluminures où se précise un sens décoratif singulièrement personnel et affiné, du Livre d’heures de la Vierge Marie, comparable, par la fraîcheur spontanée de la foi qui y respire sincère, à des merveilles nées dans des temps très anciens, tant chacune de ces planches, dédiées du fond du cœur aux Serviteurs de la Vierge, à la Reine des Vierges, à la Mère douloureuse, en qui se blottit et se réfugie toute la misère humaine, sont, en effet, conçues et exécutés dans un sentiment admirablement innocent, pur et simple.

André FONTAINAS"
Catalogue Structure
"Illustrations pour un Livre d'heures de la Vierge”, cat. no. 1-8

"Illustrations pour un les Enfants”, cat. no. 9-11

"Nature Mortes”, cat. no. 12-17

"Dessins”, cat. no. 18-38

"Divers”, cat. no. 39-57

+Gender Distribution (Pie Chart)

+Artists’ Age at Exhibition Start(Bar Chart)

+Artists’ Nationality(Pie Chart)

+Exhibiting Cities of Artists(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Type of Work(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Nationality(Pie Chart)

Name Date of Birth Date of Death Nationality # of Cat. Entries
Louise Hervieu 1878 1954 FR 60
Recommended Citation: "Exposition Louise Hervieu." In Database of Modern Exhibitions (DoME). European Paintings and Drawings 1905-1915. Last modified Oct 28, 2019. https://exhibitions.univie.ac.at/exhibition/863