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Exposition de Peintures de Pierre Brune


ID: 856, Status: proof read
Exhibition period:
Oct 6‒18, 1913
Type:
solo
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Catalogue Entries: 80
Artists: 1
Gender: female: 0, male: 1
Nationalities: 1
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Date Title City Venue Type
Catalogue
Exposition de Peintures de Pierre Brune. 1913.
Nr. of pages: 15.
Holding Institution: Bibliothèque des Arts Décoratifs
Preface
Salmon, André : Préface, 3 p.

"PRÉFACE

Au seuil de sa carrière, dès sa première exposition d’ensemble, Pierre Brune est digne d’intéresser le public, ses confrères et la critique, mieux que par des dons exceptionnels dont la promesse est souvent mensongère.

En effet, ce jeune artiste prend position à une époque dont on peut dire qu’elle est la plus favorable et la plus dangereuse.
Un homme politique, ancien fédéré devenu diplomate, a dit qu’il fallait être révolutionnaire à vingt ans et conservateur à quarante.

Il est bon que cela ait été dit. Il arrive à Jean Hiroux de parler le langage de Prudhomme. Ce langage de repenti signifie qu’il faut déconcerter d’abord pour se tailler, à la faveur du désordre, une belle place que, par la suite, on s’emploiera à défendre âprement. Or, quoi qu’en pensent les derniers énergumènes de la peinture pure (suiveurs impudents d’audacieux sincères que nous ne nous lasserons jamais de défendre), ils n’ont pas encore conduit les naïfs aux sommets de la surprise.

Pierre Brune pouvait bien inventer, lui aussi, quelque beau piège brillant.

Surtout, il eut été fort excusable de prendre pour du courage ce qui n’est que de la ruse ou de l’aveuglement. Il n’a pas cru que l’audace dépendait d’un point de direction, et il s’est sagement défié de ces étranges guides, fous de liberté mais ivres du mot en demeurant incapable de rien connaître de la chose, et qui, aux voyageurs incertains, ne savent que répondre : Toujours à gauche !

Mais nous vivons en un siècle de gachis intellectuel tel que je m’arrête ici, redoutant de faire tort à un jeune artiste que j’estime fort, en risquant de le présenter ainsi qu’un réactionnaire, un Pompier.

Pierre Brune, anxieux de certitude, veut avant tout reconnaître sa route. Il ne craint pas de retarder ce grand voyage, afin de se tracer, sinon un plan formel du beau royaume à conquérir, du moins l’harmonieuse carte céleste nécessaire à son orientation.

C’est au Salon des Indépendants de 1911 que je remarquai, pour la première fois, les ouvrages de Pierre Brune. Peut-être n’avait-il encore rien exposé.

Né à Paris en 1887, il manifesta, dès adolescence, un goût pour des arts très vif mais qui fut violemment contrarié ; ainsi ne put-il forcer les portes des académies. Faut-il s’en réjouir ? Peut-être. J’éprouverais une profonde répugnance à reprendre à mon compte les facéties faciles et vulgaires qu’inspira l’enseignement de l’École des Beaux-Arts. On peut, à la vérité, apprendre à l’académie beaucoup de choses utiles. Le péril de l’enseignement officiel ne se manifeste qu’au-delà de la troisième année, lors de la préparation du Prix de Rome. A l’École, comme ailleurs, la préparation d’un Concours est œuvre suicide.

Pierre Mille fait peu cas de l’enseignement universitaire britannique. Soutenant qu’un jeune Anglais sort du collège parfaitement ignorant, il ajoute qu’à cela tient la supériorité des Anglo-Saxons ! Les esprits d’élite mis en face de la vie entreprennent alors, virilement, leur éducation. C’est une heureuse défense de l’antodidactisme. Toutefois, nulle tutelle ne put tenir Pierre Brune complètement éloigné de l’art. Il apprit à voir avant d’apprendre à peindre et lorsqu’il sut dessiner il savait composer.

Ainsi s’explique, sans doute, le caractère un peu schématique de ses premiers ouvrages, c’est-à-dire ceux que je vis en 1911.

Depuis, séduit, sans se laisser accabler, par la richesse des paysages méridionaux, Pierre Brune fit la conquête d’une qualité redoutable mais précieuse : l’abondance.
Balzac, à l’aurore du règne de Louis-Philippe, établissait un parallèle piquant entre la grande dame et la femme comme il faut. Seule la grande dame peut se permettre des pieds de grenadier et une voix de harangère.
L’abondance c’est le sang riche de l’art ; l’abondance sera la peinture grande dame. La peinture comme il faut est d’un exercice plus aisé.
Par quel sortilège l’abondance ne se confondra-t-elle pas avec la vulgarité ?
Nulle question ne m’est plus favorable à signaler aux visiteurs de cette exposition l’effort présentement le plus méritoire de Pierre Brune.

Enrichi, augmenté, il peut, sans danger, revenir à sa rigueur première. Il s’emploie ainsi à tout mettre en harmonie par une sévère économie de lignes, de plans, de masses, sans rien rejeter, parvenant à concilier science et sensibilité, la plus juvénilement épanouie des sensibilités.

S’il persévère, et je tiens pour certain qu’il s’obstinera avec bonheur, il pourra s’enorgueillir d’avoir réalisé une peintre grande dame, parce qu’il aura, ce jour là, situé enfin, en un ordre propice, chaque élément de vie plastique, n’en sacrifiant aucun.

André SALMON"
Catalogue Structure
"Préface"

"Peintures", cat. no. 1-80.

+Gender Distribution (Pie Chart)

+Artists’ Age at Exhibition Start(Bar Chart)

+Artists’ Nationality(Pie Chart)

+Exhibiting Cities of Artists(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Type of Work(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Nationality(Pie Chart)

Name Date of Birth Date of Death Nationality # of Cat. Entries
Pierre Brune 1887 1956 FR 80
Recommended Citation: "Exposition de Peintures de Pierre Brune." In Database of Modern Exhibitions (DoME). European Paintings and Drawings 1905-1915. Last modified Dec 30, 2024. https://exhibitions.univie.ac.at/exhibition/856