exhibition

Exposition G. Agutte

(Madame Marcel Sembat). Peintures & Aquarelles
ID: 862, Status: proof read
Exhibition period:
Jan 24‒Feb 5, 1910
Type:
solo
Quickstats
Catalogue Entries: 89
Artists: 1
Gender: female: 1, male: 0
Nationalities: 1
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Date Title City Venue Type
Opening Hours
"Dimanche excepté" "Inauguration lundi 24 janvier à 2 heures"
Catalogue
Exposition G. Agutte. Paris: Imp. de l’Art, Ch. Berger 1910.
Nr. of pages: 14.
Holding Institution: Bibliothèque des Arts Décoratifs
Preface
Arséne Alexandre: [no title], p. 3-6

"Voici la seconde exposition d’une des femmes artistes, les plus vibrantes et les plus intrépides de notre moment.

Mme Georgette Agutte nous donne l’occasion de chercher une des dix mille définitions de ce mot indéfinissable : peindre.

Il faut voir bien de l’audace, presque de l’insolence, pour dire ce que c’est que peindre, si nous pouvons, avec un peu plus de certitude, affirmer ce que peindre n’est pas. Il est probable que ce n’est pas peindre que d’étaler, au hasard, quelques taches criardes sur une surface et de se donner beaucoup de mal – ou de faire croire qu’on s’en donne beaucoup - pour arriver au même résultat que les enfants lorsqu’ils barbouillent leurs cahiers de classe, sans aucun effort. D’autre part, ce n’est peut-être pas peindre non plus que de tracer suivant des formules apprises, et sans avoir jamais regardé les êtres et les choses qu’à travers ces formules, des images correctes, à la vérité, mais qui n’apportent à nos esprits aucune surprise ni aucune joie. Sans cela, un peintre d’attributs qui prodigue aux devantures des boulangers ou des charcutiers des Cérès allégoriques ou des victuailles flattées, pourrait dire, tout comme Corrège : « Moi aussi je peins ; anch’io son pittore ! » alors qu’il n’a le droit que de dire : « Je fabrique ». Au surplus, il y a, à notre époque, une éclipse de ce genre de décoration, correspondant avec l’abandon à peu près complet de la peinture d’histoire, telle qu’on la comprenait il y a un demi-siècle. Je ne sais si la peinture des boutiques reviendra en faveur ; pour la peinture d’histoire, il n’y a pas d’inquiétude, elle renaîtra dès qu’on verra reparaître un nouveau Delacroix ou un nouveau Puvis de Chavannes.

Mais, si tout ceci nous permet de nous figurer ce que n’est pas la peinture, l’anxiété commence dès qu’il s’agit de déterminer de qu’elle doit être. Celui qui cherche un beau et pur contour et qui le trouve, comme au Raphaël, comme Poussin ou comme Ingres, fait pourtant acte de peindre, et non pas seulement de dessiner.

Et celui qui, comme Rembrandt, comme Prudhon, joue avec l’ombre et la lumière sas serrer, en apparence, la ligne, fait aussi, et éminemment, acte de peindre. Et le fait aussi le grand Corot, de qui l’on disait jadis que sa peinture « n’était pas finie » ; et le fait Claude Monet, pour qui le prisme n’a point d’énigmes. Faut-il renoncer à considérer comme ayant peint Botticelli et Van Eyck, ou bien Turner et Renoir ?

Le mieux est de pas renoncer à éprouver du plaisir en art faute d’avoir trouvé une définition rigoureuse. Le plus simple est de considérer comme de vrais peintres, quels que soient les moyens qu’ils emploient, ceux qui ont ressenti une émotion forte devant la nature, et qui, en se satisfaisant eux-mêmes, ont su nous satisfaire et se faire comprendre de nous.

Mme Georgette Agutte est de ces artistes-là. Son paysage, quoique les Hollandais soient des modèles, ne se réclame pas de Ruysdaël (pourtant la façon de Van Goyen n’est pas si éloignée de celle-ci qu’il paraît, malgré la différence entre le camaïeu de l’un et l’éclatante polychromie de l’autre). Il n’est pas davantage celui des grands Anglais, quoiqu’il y ait des Turner très violents, et des Constable qui furent très aigus de couleur et très abrupts de facture. Il n’est pas celui des peintres de Fontainebleau, quoique Rousseau ait eu parfois des furies singulières, et que les ébauches de Daubigny, au musée Mesdag, expliquent très bien la sympathie que cet excellent homme porta aux premiers essais des impressionnistes. Mais il n’est pas davantage, et voilà qui pourrait sembler déroutant, celui de l’école de 1870, et il n’a rien de commun avec le paysage de Claude Monet, de Sisley et de Pissarro.

Il convient donc de le prendre tel qu’il est, avec ses véhémences, avec ses sincérités jamais trop affirmées, avec sa gamme très personnelle de tons clairs, - avec, enfin, son dessin décidé, j’ai presque envie d’écrire garçonnier ; dessin plein de force, d’esprit et visant toujours à la grandeur.

Les séries que nous montre cette année Mme Agutte sont fort diverses et toutes très attrayantes. Ce peintre est un bon compagnon de voyage, qui vous fait aimer tour à tour les grands froids et les grands chauds, les diamants des glaciers alpins et les ors des automnes parisiens. Seulement, avec elle, la mélancolie est rare ; en revanche, l’enthousiasme ne s’épuise point. La nature n’a point de tristesse pour notre artiste : elle a peut-être des aspects tragiques, fantasques ou enivrés, - mais point de sourdines, de demi-teintes ni de réticences. Même la brume se met en fête, même Novembre a ses exaltations.

Voici Saint-Moritz avec ses pins dépouillés qui donnent l’idée bizarre d’une lointaine houblonnière égarée au pied d’une Alpe. Voici le Mont-Blanc avec sa terrible débagoulade d’arêtes rocheuses et son formidable boulevard de glace. Comme l’artiste l’a dessinée de vive force, cette énorme arabesque ! Quelle joie elle a éprouvée à prendre le colosse en contradiction avec lui-même, soit qu’il s’argente au matin ou s’incendie au coucher du soleil ! Voici toute la belle série des vues de Bonnières, harmonieuses plaines, qui forment comme un lac de verdure borné par des coteaux qui furent jadis des falaises ! Les parcours de la Seine où l’eau rit et chante et donne des envies de voyager en péniche, gaîment, longuement, tendrement. Voici encore des îles séquaniennes, surprises à tous les moments de leur parure, et des allées de jardin invitantes et familières. Mais à quoi bon vous dénombrer tout cela, peintures ou aquarelles ? La diversité règne partout, et les classifications, vous les ferez tout seuls.

Mme Georgette Agutte est aussi un sculpteur plein de force. On le devinerait à regarder la puissante série de ses figures nues, audacieuses avec simplicité, vraiment énergiques et pourvues de caractère. Certaines sont plantureuses et certaines sont âpres ; certaines sont douloureuses, même menaçantes. L’artiste les a peintes comme elle fit les Alpes massives et diaprées, ou le sphinx de granit dans les déserts égyptiens, en amoureuse de tout ce qui, par le dessin, suggère l’idée d’action et de combat ; par la couleur, l’idée d’allégresse et d’éloquence vibrante.

Arsène ALEXANDRE"
Catalogue Structure
PEINTURES A L'HUILE
"Études de Nus", cat. no. 1-12

"Paysages", cat. no. 13-49

"Paysages de Montagne", cat. no. 50-56

"Fleurs", cat. no. 57-62

AQUARELLES GOUACHÉES
"Haute-Savoie", cat. no. 63-70

"Lac de Genève", cat. no. 71-77

"Engadine l'hiver", cat. no. 78-80

"Midi de la France", cat. no. 81-85

"Paris", cat. no. 86-87

"Portraits", cat. no. 88-89

+Gender Distribution (Pie Chart)

+Artists’ Age at Exhibition Start(Bar Chart)

+Artists’ Nationality(Pie Chart)

+Exhibiting Cities of Artists(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Type of Work(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Nationality(Pie Chart)

Name Date of Birth Date of Death Nationality # of Cat. Entries
Georgette Agutte 1867 1922 FR 89
Recommended Citation: "Exposition G. Agutte." In Database of Modern Exhibitions (DoME). European Paintings and Drawings 1905-1915. Last modified Apr 18, 2024. https://exhibitions.univie.ac.at/exhibition/862