Oil Paintings and Studies by Henri Martin

Nr. of pages: 24.
Holding Institution: Victoria & Albert National Art Library

Léonce Bénédite: Extract from an Article on Monsieur Henri Martin, p. 3-5

“Extract from an Article
on
Monsieur HENRI MARTIN
written by
Monsieur LÉONCE BÉNÉDITE

Puvis de Chavannes serait-il complet sans les décorations d'Amiens et de Marseille, du Panthéon et de la Sorbonne, de Lyon et de l'Hôtel de Ville, de Rouen et de Boston? Henri Martin peut-il être ressemblant, est-il le Henri Martin que nous connaissons et que nous applaudissons depuis plus de vingt-cinq ans, sans les vastes décorations du Capitole de Toulouse, sans les tympans de l'Hôtel de Ville de Paris, sans le triptyque de la Caisse d'épargne de Marseille, sans les panneaux de la Sorbonne et sans toutes ces autres vastes conceptions allégoriques ou naturalistes qui ont traversé tant de Salons passés ? Car c'est sur tout cela qu'il doit être jugè et qu'il veut être jugé. [p. 3]
Et, puisque j'ai prononcé le grand nom de Chavannes, Je me hâte d'ajouter que ce rapprochement n’est pas purement accidentel. Henri Martin qui ce fut le maitre lui-même qui se découvrit ce successeur, à l’occasion d’un des premiers envois pour le Capitole de Toulouse. C’est qu’il y retrouvait tout ce qu’il avait cherché durant cette admirable carrière prête à finir : cet héroïsme simple et familier, où la noblesse est faite de naturel et non d’emphase, cette poésie profond qui vient de la pénétration même du sujet, de sa compréhension étroite et ingénue ; car Puvis abhorrait les soi-disants artistes, adeptes de l’art pour l’art, pour qui tout est prétexte, à faire ce qu’ils appellent de la peinture. Il aimait qu’on crût à ce qu’on disait et qu’on n’amusât pas le public avec des parades de virtuosité et des tours de force de dilettantisme. Il avait justement découvert chez Henri Martin cette entière bonne foi cette passion de la vérité et de la vie qui devaient animer, comme dans son œuvre glorieuse, les fictions préférées de son imagination ; cette sensibilité émue qui vibrait, avec un lyrisme plus méridional, devant les grands spectacles de la nature et la féerie incomparable de la lumière ; ce naturalisme épris de beauté, qui devait créer de si divines illusions, où le rêve se mêle indissolublement à la vie. Car, depuis Je ''Bois sacré'' ou ''l'lnspiration'', nul n'a plus su traduire que Henri Martin cette association subtile d'êtres concrets et de [p. 4]
figures irréelles. Le maitre avait peut-être aussi deviné à son inconscient disciple des aïeux communs: ces beaux giottesques expressifs de Florence et de Sienne, qui leur avaient montré la voie et les avaient fait sortir des sentiers battus de l'école. Ce qui devait, en effet, particulièrement plaire à Puvis, c'était cette même indépendance, un peu combative au début, bien vite apaisée grâce à laquelle le jeune artiste dépouillait tout le faux savoir de l'atelier pour se mettre avec ténacité à l'école nouvelle de la nature vivante et mouvante qu'il s'efforçait d'étudier en gardant la candeur d'un œil vierge et aussi la conscience d'un esprit sain et probe. Et c'est par là surtout que Puvis pouvait sans hésiter le reconnaître pour légitime; puisque c'est vraiment lui qui a continué, dans la peinture d'histoire, la grande et vraie tradition du geste droit, juste et naturel, de l'attitude simple et aisée, sans hanchements, sans pose ni manières, de la draperie discrète et expressive, qui flotte modestement, avec vraisemblance, à l'abrides tempêtes académiques qui soufflent sur les murs des expositions et des musées ; grande et unique tradition qui ne dévie jamais et à laquelle il faut toujours revenir, après avoir longtemps erré à droite et à gauche à la recherche du succès ou de l'originalité.
LÉONCE BÉNÉDlTE.“

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