exhibition

Nicolas Tarkhoff


ID: 1147, Status: proof read
Exhibition period:
Jun 14‒26, 1909
Type:
solo
Organizing Bodies:
Galerie Druet
Quickstats
Catalogue Entries: 98
Types of Work: painting and drawing: 32, unknown: 66
Artists: 1
Gender: female: 0, male: 1
Nationalities: 1
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Date Title City Venue Type
Date Title City Venue # of common Artists
Apr 30‒May 19, 1907 Exposition de Peintures Paris Galerie B. Weill 1 artists
Jan 12‒Feb 10, 1906 Peintures & Aquarelles Paris Galerie B. Weill 1 artists
Jun 20‒Jul 9, 1910 Les Artistes Russes, Décors et Costumes de théâtre et Tableaux Paris MM. Bernheim-Jeune & Cie 1 artists
Mar‒Apr 1912 XL. výstava. S. V. U. Manes. Mir iskusstva. Sdružení ruských umělců v Petrohradě [XL. Exhibition of the Union of Fine Arts Manes. Mir Iskusstva. Association of Russian Artists in Saint Petersburg] Prague [Pavilion in Kinsky Garden] 1 artists
Jan 9‒Feb 13, 1910 (Dec 27, 1909‒Jan 31, 1910 o.S.) Выставка картин "Золотое руно". [Vy'stavka kartin "Zolotoe runo". : Exhibition of paintings "Golden Fleece".] Moscow Moscow (exact location unknown) 1 artists
Feb 21‒Mar 23, 1905 La Libre Esthétique. La douzième Exposition Brussels Brussels (exact location unknown) 1 artists
Feb 22, 1905 (Feb 9, 1905 o.S.) Выставка картин "Союз Русских Художников" [Vy'stavka kartin "Soyuz Russkikh Khudozhnikov" : Exhibition of Painting "Union of Russian Artists"] Moscow Moscow (exact location unknown) 1 artists
1909‒1910 VII Выставка Картин Союза Русских Художников [VII Vy'stavka Kartin Soyuza Russkikh Khudozhnikov : VII Exhibition of Paintings of the Union of Russian Artists] Moscow [Literaturno-Khudozhestvenny'j Kruzhok : Literature and art salon] 1 artists
1907 Выставка Картин Союза Русских Художников [Vy'stavka Kartin Soyuza Russkikh Khudozhnikov : Exhibition of Painting "Union of Russian Artists"] Saint Petersburg Saint Petersburg (exact location unknown) 1 artists
1910 Выставка Картин Союза Русских Художников [Vy'stavka Kartin Soyuza Russkikh Khudozhnikov : Exhibition of Paintings of the Association of Russian Artists] Kiev [Gorodskoj muzej] 1 artists
1908‒1909 VI выставка картин Союза Русских Художников [VI vy'stavka kartin Soyuza Russkikh Khudozhnikov : VI exhibition of paintings of the Union of Russian Artists] Moscow Moscow (exact location unknown) 1 artists
Nov 1913 Мир Искусства. Выставка картин [Mir Iskusstva. Vy'stavka kartin : World of Art. Exhibition of paintings] Saint Petersburg Dom Obshestva Pooshrfenija hudozhestv 1 artists
Oct 1‒Nov 1, 1908 VIII. Serie Französische Impressionisten Zurich Zurich (exact location unknown) 1 artists
Jan‒Feb 1913 Мир Искусства [Mir Iskusstva : World of Art] Saint Petersburg [Dom Shvedskoj Czerkvi] 1 artists
Jan‒Feb 1912 Мир искусства [Mir iskusstva : World of Art] Saint Petersburg Saint Petersburg (exact location unknown) 1 artists
May 16‒Jun 7, 1914 Exposition d'Œuvres de Sculpture et de Peinture du Salon des Artistes Indépendants de Paris Brussels Galerie Georges Giroux 1 artists
1908‒1909 Салон 1909 [Salon 1909 : Salon 1909] Saint Petersburg [In the rooms of the museum and "Menshikov's apartments"] 1 artists
Dec 1913 Мир Искусства [Mir Iskusstva : World of Art] Moscow [Bolʹshaya Dmitrovka 11 : Bolshaya Dmitrovka Street 11] 1 artists
Nov 15, 1906 Russische Kunstausstellung 1906 Berlin Eduard Schulte, Kunsthandlung 1 artists
May 2‒Jun 7, 1910 (Apr 19‒May 25, 1910 o.S.) Салон. Интернациональная выставка картин, скульптуры, гравюры и графики [Salon. Internaczionalʹnaya vy'stavka kartin, skulʹptury', gravyury' i grafiki : Salon. International Exhibition of Paintings, Sculpture, Prints and Drawings] Saint Petersburg Vladimir Izdebsky 1 artists
Jun 25‒Jul 20, 1910 (Jun 12‒Jul 7, 1910 o.S.) Салон. Интернациональная выставка картин, скульптуры, гравюры и графики [Salon. Internaczionalʹnaya vy'stavka kartin, skulʹptury', gravyury' i grafiki : Salon. International Exhibition of Paintings, Sculpture, Prints and Drawings] Riga Vladimir Izdebsky 1 artists
Dec 17, 1909‒Feb 6, 1910 (Dec 4, 1909‒Jan 24, 1910 o.S.) Салон. Интернациональная выставка картин, скульптуры, гравюры и рисунков [Salon. Internaczionalʹnaya vy'stavka kartin, skulʹptury', gravyury' i risunkov : Salon. International Exhibition of Paintings, Sculpture, Prints and Drawings] Odessa Vladimir Izdebsky 1 artists
Feb 26‒Mar 27, 1910 (Feb 13‒Mar 14, 1910 o.S.) Салон. Интернациональная выстака картин, скульптуры, гравюры и рисунков [Salon. Internaczionalʹnaya vy'staka kartin, skulʹptury', gravyury' i risunkov : Salon. International Exhibition of Paintings, Sculpture, Prints and Drawings] Kiev Vladimir Izdebsky 1 artists
Mar 24‒Apr 16, 1913 International Exhibition of Modern Art [Armory Show] Chicago The Art Institute of Chicago 1 artists
1907 Union Internationale des Beaux-Arts et des Lettres. Deuxième Congrès. Le musée du Peuple Angers Angers, Centre d'Art 1 artists
Feb 17‒Mar 15, 1913 International Exhibition of Modern Art [Armory Show] New York Armory of the 69th Infantry 1 artists
Oct 18‒Nov 25, 1905 Salon d'Automne. 3e Exposition Paris Grand Palais des Champs Elysées 1 artists
Apr 22‒Oct 31, 1907 VII. Esposizione Internazionale d’Arte della Città di Venezia Venice Giardini Pubblici 1 artists
Opening Hours
sundays excepted
Catalogue
Nicolas Tarkhoff. 1909.
Nr. of pages: 15.
Holding Institution: online: archive.org
Preface
Forthuny, Pascal: Nicolas Tarkhoff, p. 3-12.

"Nicolas Tarkhoff

M. Nicolas Tarkhoff me fait l’honneur de me demander une préface pour le catalogue de l’Exposition où il résume, en fin de saison, un effort considérable, autant par l’importance numérique des œuvres qu’il présente que par leurs qualités propres. Je suis heureux de rencontrer une occasion pour fixer ici quelques réflexions dont le principe remonte aux premiers jours où il me fut donné de regarder un tableau signé de cet artiste.
Sa conception de la peinture, le choix de ses motifs, ses techniques particulières, l’orientation de ses recherches pourraient donner matière à une étude extrêmement prenante et à des développements [p. 3]
critiques tour à tour appuyés sur des faits réels et des nuances psychologiques bien curieuses.
D’une conversation avec ce robuste moscovite désormais enraciné à Paris, est ressorti pour moi, sous des couleurs originales, le curieux roman d’une vie au début de laquelle fut, ainsi que dans bien des carrières artistiques, une passion de beauté contrariée par l’obstruction familiale, d’une vie encore où l’opiniâtreté de triompher quand même soutint l’adolescent dans de rudes traverses, d’une vie enfin, - récompensée par le résultat d’un atelier aujourd’hui débordant de toiles allègres, - où la volonté de parvenir au but conduisit l’homme à la pleine réalisation de son idéal d’enfant.
Malheureusement je ne saurais trouver ici les marges libres d’un article de revue et, par surcroît, la mission de cet avant-propos n’est autre que de présenter à un public, d’ailleurs prévenu par de fréquentes manifestations dans divers Salons, une production où la fécondité ne nuit jamais à la valeur.
Il me faut donc résumer en peu de mots le curriculum vitæ du Russe Nicolas Tarkhoff, éperonné depuis toujours de fervent désir d’être peintre, travaillant à Moscou avec un maître épris de rigoureuse tradition, tirant tous ses moyens de son propre fond, estimé certes de ses camarades, et de quelques personnes clairvoyantes, mais, à cause de ses qualités déjà révolutionnaires, tenu pour indigne par les jurys officiels lorsqu’il exprima l’intention d’entrer à l’Ecole des Beaux-Arts. Impressionniste d’instinct, pressentant que sous d’autres cieux il y avait à respirer un air de liberté plus pur, moins alourdi de dogmes que dans les cénacles du Nord cristallisé, Tarkhoff, à la suite d’un semblant de succès dans un petit groupement privé, s’évada vers les pays de l’audace et de l’aventure, emportant son seul courage, passant les frontières, allant plus loin [p. 4]
que l’Allemagne trop systématique, joignant enfin la France, Paris, terme de sa course vers l’indépendance.
Il était seul, désarmé, mal mis en garde contre les terribles influences qui le guettaient. Il eût pu se laisser prendre au mirage d’une palette illustre, adopter un maître, glisser sur l’irrésistible penchant où l’eût poussé une « affinité élective » vers tel ou tel. C’eût été un homme perdu, un imitateur et un « suiveur » comme il en est tant de par le monde. Tous les dangers le menaçaient : celui de son ignorance des optiques françaises, l’absence en lui d’une discipline acquise dans les écoles et, par-dessus tout, son impatience ardente de créer quelque chose. Avec ses facilités, son métier encore inconscient, incultivé, mais dès lors en pleine germination, il eût suffi d’un rien pour qu’il emboîtât le pas à quelque bon faiseur, voire même à quelque glorieux mentor.
Il en fut tout autrement. Si Tarkhoff consentit À entrer dans l’atelier de M. J.-P. Laurens, - c’était en 1899, - ce fut pour y vivre en rebelle souriant, qui écoutait avec déférence le conseil ou le reproche, s’inclinait fort courtoisement devant l’expérience du patron, mais, revenu à ses crayons, s’abandonnait à son propre « démon » et n’en faisait désormais plus qu’à sa guise, jusqu’à la prochaine correction. « Le professeur, dit-il, aimait beaucoup mes dessins, et aussi quelquefois ma peinture, mais nous n’étions tout de même pas souvent d’accord. »
On revoit Tarkhoff chez M. L.-O. Merson et chez d’autres magisters encore. Cela dura trois années pendant lesquelles l’artiste ne se fit pas faute d’enquêter au dehors, de courir l’école buissonnière devant Besnard, Gauguin, Van Gogh, Cézanne, Carrière d’où il devait tirer une si singulière leçon, Manet et Renoir.
Plus nettement et de jour en jour, son vœu se précisait : Fixer le plus possible la vie des formes par la richesse de leurs couleurs. [p. 5]
La définition est de lui. J’ai cru bon de la transcrire telle quelle, sans rien y modifier. Oui, c’était bien un rêve de vie, un appétit de couleurs, un souci de faire chanter la lumière à la gloire de tout ce qui naît pour mourir, mais pour renaître encore. Et déjà, par des voies très directes, encore qu’il n’en eût pas le clair sentiment à cette époque, Nicolas Tarkhoff, se mettait en route vers ces tableaux de Maternités où, dès qu’il eut son premier enfant, s’inscrivirent, dans la grâce du tout petit, ses aspirations de peintre de la vie, en ce qu’elle a d’éternel et de sacré.
A ce moment, pourtant, il s’en tenait presque exclusivement au paysage, chassant le motif sur les berges de la Seine et abattant étude sur étude, d’un pinceau adroit, qui ne manquait jamais son effet. Ce qui le retenait le plus volontiers, dans ces thèmes de lumières mobiles, d’eaux courantes, d’arrière-plans derrière, lesquels grondait la fièvre des cités, ce qui le décidait toujours, par préférence aux calmes aspects de la nature campagnarde, c’était le mouvement des labeurs, les signes sensibles de l’énergie en travail, les quais où l’on charge les bateaux, les chalands traînant leurs quilles alourdies de denrées sur le fleuve incessamment déchiré par le va-et-vient des commerces, les lointaines fumées des fabriques où la matière s’élabore en produits utiles, la vie intense enfin, celle qui ne médite point, mais constamment engendre.
Une même idée, un jour, présentée sous un aspect plus riant, le retint à l’angle d’une avenue de faubourg, devant le papillotement des plaisirs forains, échelonnant dans le cadre des maisons ouvrières leurs drapeaux, leurs estrades, leurs jeux bruyants, leurs roues où s’accrochaient des ballons aux virements vertigineux. C’était encore là, hors les heures du travail ; de la vie qui s’étalait, vie joyeuse des artisans libérés pour quelques instants et, par leurs cris amusés, par leurs refrains rythmés sur les bruyantes clameurs des fanfares méca- [p. 6]
niques, répondant, comme en une sorte de revanche, aux cadences opprimantes des machines usinières, aux bruits industriels des besognes du gagne pain.
Nicolas Tarkhoff se maria.
Et voilà qu’un matin, il vit, parmi les étoffes blanches et le lacis du berceau bleu, une petite nouveauté émouvante qui le fit penser. Il y avait là du rose tendre, de menus gestes blottis sur quoi jouait un soleil tamisé. Tout cela s’anima bientôt de mouvements ronds et de souples cambrures. De menus cris montèrent d’entre les rideaux. Les yeux interrogateurs questionnèrent d’un regard de pureté la chambre, la fenêtre et les horizons de la ville. C’était l’enfant.
Non loin, assoupie, encadrant la lassitude de son visage dans la double retombée des bandeaux, attendant en la tiédeur du lit le retour de ses forces pour s’élancer vers le nouveau devoir, une femme. Instinctives, ses mains sur les draps cherchaient le présent des dieux et la poitrine, au rythme du souffle apaisé, se gonflait, plus belle et plus auguste, sous la poussée des sèves vitales. C’était la mère.
Et une fois encore se produisit le grand miracle : celui de l’art exalté par l’amour, enrichi par la bonté, le miracle d’un artiste enfin révélé à lui-même, - après les vaines courses vers sa vraie destinée ; - par la contestation, enfin facile, que rien n’est définitivement beau dans la nature hors le geste de la création incessante.
Tout le jour, Tarkhoff médita en lui la joie profonde de cette révélation et quand, le soir, à la lueur blonde de la lampe, il revit, cette fois enlacés, la mère et l’enfant, dans le silence du nid bienheureux, il saisit un pinceau, fit un tableau bâtif et, d’un coup, devint peintre de maternités.
Dès lors, ses thèmes d’études furent autour de lui, chez lui, dans le périmètre de son toit. Il les vit grandir, évoluer, risquer, minus- [p. 7]
cules, leurs premiers pas, puis courir parmi l’atelier, brouiller ses tubes, mélanger ses pinceaux, crever peut-être les toiles où leur beauté était célébrée. Chaque saison lui apporta des inspirations nouvelles. Il avait maintenant trois enfants. Leurs mouvements, leurs timidités premières, puis leurs audaces, leurs assoupissements, leurs jeux suffirent à son effort. Et encore aujourd’hui il n’a pas épuisé la série des « mille et une merveilles de l’enfance ».
Telle fut, pourrait-on dire, la psychologie de Tarkhoff, sa formation morale en tant que peintre. Sa technique, parallèlement, vaut la peine d’être observée à dater du jour où il voulut fixer les mouvements du premier bébé. « Pourquoi j’aime les enfants ? me dit-il ; c’est précisément pour l’infinie diversité de leurs mouvements fugaces, pour le tourbillonnement de vie au centre duquel ils paraissent toujours marcher. Leurs gestes rapides, changeants, imprévus, animalesques, divins, ont été pour moi l’occasion inespérée de fixer enfin par des œuvres cette théorie longtemps latente en moi : l’expression de la vie par la justesse des formes, et la transcription des formes par la vérité de la couleur. Une telle ambition m’amena à cette manière fragmentée, mobile, tachée goutte à goutte, aux valeurs enchevêtrées, aux accents presque sténographiés, et, cela, toujours dans la pleine magnificence de la couleur, la plus belle joie qui, pour moi, soit au monde. »
Aussi bien, entoure-t-il ses mamans et ses bébés de ce prisme chaud où apportent leurs notes vives les tapis, les robes voyantes, les fleurs, le pelage lustré des chats noir bleu, les fruits et la verdure ensoleillé. Tout ceci moucheté, pailletant, vibrant, moiré à la façon de ces eaux où, tout ensemble, le vent léger soulève d’innombrables vaguettes et le soleil pique des écailles instables.
Dans sa pratique, on le voit, cet art-là est tout l’envers de celui des Carrière, mais assurément si, sous ce même titre des Maternités [p. 8]
dont s’illustre l’œuvre de celui qui n’est plus, celui qui survit ne s’était pas laissé émouvoir par l’essence même du motif apparenté, on pourrait dire que Nicolas Tarkhoff eût fait fausse route.
Or il suffit de considérer cette exposition pour vérifier, d’un seul tour de cimaise, que Nicolas Tarkhoff ne s’est pas trompé. Il n’y a pas là qu’une prestidigitation et des tours de force de coloriste d’autant plus distrayants qu’ils semblent toujours exécutés avec un minimum d’efforts pour un maximum de difficultés. On ne peut s’y tromper : cet artiste est singulièrement virtuose, certes, mais il est sincère profondément. Le geste de la mère étreignant ses bambins (n°5), leur triple sommeil (n° 7), la détente quiète des corps (n° 8 et 9), la gaucherie charmante des petits joueurs (n° 11), le cajolement du fils endormi (n° 15), la vigilance maternelle (n° 16), l’élan vers la caresse (n° 17), tout le calme bonheur qui inonde ce n° 22 qu’on pourrait baptiser l’Heureux Foyer, sont des sentiments consignés autant par un père que par un peintre.
Tout ce qui est accroché ici n’est donc pas de l’abatage d’atelier, de la corvée de tâcheron exécutée sans plaisir ni pensée, comme peut faire le menuisier qui, confiant en son « profil », pousse aveuglément de la moulure au mètre. Les deux Tarkhoff, - le psychologue bon père et le coloriste bon peintre – ont collaboré à chaque touche et ils signent chaque œuvre, chaque dessin, par les subtils hiéroglyphes de l’intelligence et du cœur.
Suivez le bien. Voyez ses fleurs, ses chrysanthèmes, ses pivoines, ses lilas, ses altéas. Il y a dans ce groupement et jusqu’aux animaux et nature-mortes, une observation à faire, un secret à connaître et que je vais vous révéler. Si vous cherchez le lien qui peut exister entre les Maternités de ces envois échelonnés entre les n°s 27 et 39, vous constaterez ceci : [p. 9]
Assurément, l’artiste n’avait plus, devant le motif, le bonheur de dessiner de la vie parlante, agissante. C’était la magnificence brève des choses, l’éclat passager de ces tiges et de ces corolles qui s’élancent et s’entr’ouvernt en une jeunesse éphémère et qui défaillent, le soir, sans avoir eu le temps de vieillir. Le psychologue ici ne trouvait pas son emploi : mais le coloriste conservait ses droits et rencontrait le moyen de les exalter jusqu’à l’extrême. Sa passion de la lumière qui vibre, se pose sur les contours et les habille d’une splendeur que chaque minute transforme, le ramena souvent au milieu des jardins, devant les vases où les mains féminines assemblent la parure des végétations radieuses. Et il peignit des fleurs comme des visages en essayant des dégager, à côté de la grâce de leurs formes et de leurs masses, la qualité de leurs expressions, distinctes d’essence à essence. A cette intention, il étudia la fleur dans son détail. Les anatomistes recherchent la loi des mouvements humains en traçant avec soin et vérité l’assemblage des muscles, leurs résilles complexes, le jeu des ossements, les attaches et les rouages de corps. Ils agrandissent sous le crayon la configuration d’un élément isolé du squelette.
Tarkhoff fit de même devant la fleur. La fluidité du thème donné, son apparence de presque impondérabilité dans le bain du soleil, le dispensaient de traduire, cette fois, la forme autrement que par les modalités de la couleur. Et ce fut pour lui une étude très captivante que de prendre, par exemple, une fleur à larges pétales, d’en distraire un seul, de la reproduire sur le papier quinze fois, vingt fois plus grand qu’au réel, et sur cette surface, de modeler au pastel, comme vu au microscope, ce qu’il voyait dans le champ réduit qu’il copiait. Son atelier est semé de ces essais analytiques. Ils ne sont pas le moins étonnent de son labeur. Telle feuille de pivoine, ainsi traitée à grande échelle, montre au regard – surpris d’un tel effort de [p. 10]
patience, - ce que nous pourrions reconnaître d’infinies chromatiques dans la surface exiguë d’une particule florale, si nous avons la faculté d’amplifier ses dimensions jusqu’à celles d’une feuille de Crucifères. Tarkhoff a fait là des trouvailles qui sont peut-être d’un caractère un peu théoriques pour intéresser la grande généralité des visiteurs d’expositions, mais qui, tout de même, leur reviennent et les atteignent sûrement, car chacune de ces « expériences de laboratoire » fut utilisée par l’artiste, dans des œuvres toutes composées d’elles. C’est ainsi que sur les joues d’enfants qui sont aussi des pétales grandis, on constate le bienfait de cette étude, curieuse s’il en fut, en quête des accents les plus insaisissables et trop souvent, chez d’autres, les plus méconnus.
Même préoccupation pencha Tarkhoff, comme un opticien tenace, sur le flanc des courges, des grenades, sur la plume arrachée au panache d’un coq. Le fruit dessiné aussi gros qu’une tête, la plume longue comme une épée l’amenèrent à des réalisations de détails d’une richesse coloriste tout à fait inattendue.
**
Malgré mes promesses du début, je me suis attardé longuement sur l’originale personnalité de celui qui fait ici appel au jugement public. On conviendra, pour mon excuse, que la circonstance était singulièrement tentante d’appareiller la persuasion des mots à l’éloquence des couleurs.
Rarement, en effet, peinture se prêta mieux à la description, fut plus provocatrice de ces images que les écrivains, par seule magie du verbe, s’essayent en vain à silhouetter et à faire revivre sous leurs stylets. [p. 11]
Aussi bien ne saurais-je mieux conclure qu’en anticipant sur les justes éloges dont Nicolas Tarkhoff va recevoir la récompense, et en lui disant mon très sincère remerciement pour le plaisir qu’il me ménagea, à m’appeler aux délicates fonctions de ce maître de cérémonies qui annonce les vrais talents et les hommes d’élite, dans le vestibule de la Gloire.

Pascal Forthuny" [p. 12]
Catalogue Structure
"Préface", p. 3-12
"Catalogue", cat no. 1-99, p. 13-15
- "Maternités", cat. no. 1-25, p. 13-14
- "Fleurs, Animaux, Natures Mortes", cat. no. 27-39, p. 14
- "Paysages", cat. no. 40-67, p. 14-15
- "Dessins", cat. no. 68-99, p. 15

+Gender Distribution (Pie Chart)

+Artists’ Age at Exhibition Start(Bar Chart)

+Artists’ Nationality(Pie Chart)

+Exhibiting Cities of Artists(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Type of Work(Pie Chart)

+Catalogue Entries by Nationality(Pie Chart)

Name Date of Birth Date of Death Nationality # of Cat. Entries
Nicolas Alexandrovitch Tarkhoff 1871 1930 RU 98
Recommended Citation: "Nicolas Tarkhoff." In Database of Modern Exhibitions (DoME). European Paintings and Drawings 1905-1915. Last modified Mar 3, 2021. https://exhibitions.univie.ac.at/exhibition/1147