Exposition de Peintures et de Lithographies Originales de H. de Toulouse-Lautrec. 1864-1901

Nr. of pages: 3.
Holding Institution: Bibliothèque des Arts Décoratifs

[no author]: [no title], p. 1-2

"En même temps que l’Exposition d’estampes japonaises consacrée à Harunobu, Koriusaї et Shunsho, le Musée des Arts Décoratifs a réuni dans son hall central une série d’affiches, de peintures et de lithographies originales de Toulouse-Lautrec. La rencontre n’est pas fortuite ; Toulouse-Lautrec fut un amateur passionné de l’art japonais, et l’influence des maîtres japonais se reconnait aisément dans ses œuvres ; il a beaucoup désiré connaître le Japon et, vers la fin de sa vie, il fut sur le point d’entreprendre le voyage d’Extrême-Orient.

Henri de Toulouse-Lautrec descendait d’une des plus anciennes familles du Midi de la France. Fils d’un père très sportif et d’une mère austère, il eut plusieurs accidents aux jambes qui arrêtèrent sa croissance et firent de lui une sorte de gnome au regard d’une extrême acuité derrière le binocle. A ses débuts il fut l’élève du professeur Cormon ; un peu plus tard il se lia avec Forain et connut les œuvres du maître Degas qui le firent entrer dans sa voie définitive. D’une santé débile, usé par la vie ardente qu’il mena, il mourut dans sa 38e année, laissant dans le domaine de la peinture et de la gravure une œuvre considérable et d’une originalité puissante. On a pu exposer ici son œuvre décorative la plus typique, les deux grands panneaux qu’il avait exécutés pour la baraque foraine de la Goulue, ainsi que ses plus belles affiches et quelques études peintes en vue de ces affiches. On aura ainsi une idée de son talent de décorateur, talent qu’il était très heureux de voir apprécier, et dont il était très fier.

La présente exposition est consacrée uniquement à celle des œuvres de Toulouse-Lautrec qui se rapportent au théâtre, au café-concert, aux music-halls, au cirque. Il fut un passionné de théâtre : il y allait constamment le carnet à dessin dans la poche. Il a merveilleusement campé à la lumière si spéciale de la rampe les figures de Sarah-Bernhardt, de Bartet, de Jeanne Granier, de Brandès, de Yahne, de Lender surtout et d’Yvette auxquelles il a consacre une série une série d’exquises lithographies.

Nous voici passés du théâtre au café-concert, et du café-concert au music-hall, au bal public, au cirque. A Montmartre, Lautrec s’est trouvé dans son domaine ; il a consacré bien des nuits dans sa courte existence à regarder et à dessiner ces milieux spéciaux, où la vie est si brillante, si agitée, si factice aussi, mais où il a trouvé la matiere la plus riche et la plus éclatante pour exercer son génie. Un artiste de grande race comme lui ne se laisse pas dominer par la canaille. Tous ces mouvements hardis, toutes ces expressions grimaçantes qu’il a saisies, il les rend avec une beauté raffinée du trait et de la couleur et avec un style d’une grandeur surprenante.

Parmi les silhouettes les plus extraordinaires qu’il s’est complu à créer, voici May Belford, la chanteuse anglaise, la petite fille maquillé qui tient un chat noir entre ses bras, la fine Jane Avril aux mouvements si gracieux, Mlle Cha-u-k-ao, clownesse au Moulin-Rouge, avec ses attitudes de souple animal, la Goulue, surmontée de sa crosse de cheveux fauves, Valentin le Désossé, le danseur de bal public, d’un aspect si flegmatique et si comme il faut ; autant de types chers à l’artiste. Quelle allure il leur a donnée ! On oublie la cage de la dompteuse, le bal public, le music-hall, le café-concert, et on reste plein d’admiration devant ces superbes créations de l’art moderne."

"PEINTURES", cat. no. 1-29, p. 2-3

"LITHOGRAPHIES", cat. no. 1-68, p. 3-4

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