Collection Moreau (Tableaux, Dessins, Aquarelles et Pastels)

Nr. of pages: 55 [PDF page number: 140].
Holding Institutions: online: Gallica - Bibliothèque nationale de France, Paris, online: archive.org

no author : not title, p. 5-6

"La collection offerte par M. Etienne Moreau-Nélaton à l'Etat français et dont le musée des Arts décoratifs a provisoirement la garde est, en partie, un héritage familial du donateur. Le noyau originel en a été formé, dès 1840, par son grand-père. Laborieux ouvrier de sa fortune, M. Adolphe Moreau père en embellit le cadre par le rayonnement des œuvres d'art. Ce bourgeois fut un collectionneur d'avant-garde. Les hommes nouveaux ne l'effrayaient point. Sur les murs de sa demeure de la rue Neuve des Mathurins, où les tableaux accumulés refluaient dans les corridors, à côté de quelques favoris de la mode dont le temps fit justice et qui peu à peu s'éliminèrent, on rencontrait des noms qui sonnaient comme un défi à l'opinion publique, en attendant, suivant la règle, de la conquérir. On y compta des morceaux de choix. La seule année 1853 fournissaient des recrues telles que la Sortie de l'Ecole de Decamps, le Passage du Gué de Troyon, le Prisonnier de Chillon et les Croisés à Constantinople d'Eugène Delacroix.
La mort frappa le judicieux amateur en 1859, au moment où, après avoir cueilli un magnifique bouquet d'œuvres romantiques, il commençait à y ajouter les fleurs fraîchement écloses dans un contact plus intime des peintres avec la nature. Son seul descendant, Adolphe Moreau (deuxième du nom), en dépit d'un sens pénétrant du beau, aux chemins inexplorés de l'art en préféra les sentiers battus. La collection ne lui doit que quelques Decamps. Aussi bien, le goût du ' bibelot ' supplanta chez lui la convoitise de la peinture. Mais le patrimoine pictural recueilli des mains paternelles fut pour lui [p. 5]
l'objet d'un tendre attachement. L'idée d'une dispersion de ces vieux amis de son foyer répugnait à sa piété filiale. Sans enchaîner la liberté des siens par une volonté formelle, il l'écrivit dans son testament qui, dès 1882, fit entrer au Louvre la page capitale de la galerie : la Braque de Delacroix.
La direction donnée à sa vie par son fils unique maintenant celui-ci dans les mêmes sentiments à l'égard de ce précieux héritage. N'était-ce pas pour un peintre un trésor inépuisable de douces et salutaires jouissances ? M. Moreau-Nélaton les goûta passionnément. Mais, un prudent souci de l'avenir le prémunit contre un égoïsme imprévoyant et lui inspira la résolution de renoncer pour lui-même et pour ses enfants à des richesses trop nobles pour être confondues avec elles qui s'estiment à prix d'or. Il ne les conserva jusqu'à cette heure qu'afin de les accroître à son tour. Corot tient désormais la première place en regard de Delacroix. Il a pour compagnons ses modernes émules, les impressionnistes. Manet et Fantin, Puvis de Chavannes et Carrière ont pris rang à côté de leurs illustres devanciers. Nos gloires de 1890 se mêlent à celles de 1850. L'ancienne collection était un des plus beaux chapitres de notre histoire artistique ; mais ce chapitre unique en faisait regretter d'autres. La nouvelle est une anthologie du XIXe siècle tout entier, une centennale en cent tableaux." [p. 6]

Preface, p. 5-6
"Tableaux", cat. no. 1-100, p. 7-33
"Dessins. Aquarelles. Pastels", cat. no. 101-189, p. 35-55
Reproductions, n. p.

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